"Transporter un appareil photographique est comme posséder un laisser-passer pour l'inattendu" Joel Meyerowitz
Aujourd'hui était le dernier jour de l'exposition consacrée à Joel Meyerowitz : Out of the ordinary. Photographe américain né en 1938, la gallerie du Jeu de Paume (Site de Sully) nous présente ici pour la première fois en Europe une rétrospective couleur de ses photographies prises dans les années 1970.
Si au début de sa carrière, il se dirigea naturellement vers la couleur, le coût et la disgrâce que la photographie couleur connaissait à cette époque dans le milieu de l'art fit qu'il se détourna de la couleur jusqu'en 1971. Epoque où il obtenu une bourse Guggenheim afin de photographier ses contemporains pendant leur loisirs alors que la guerre du vietnam faisait rage.
Si sa démarche sur le papier aurait pu se rapprocher d'un photo reportage, Joel Meyerowitz s'éloigne de "l'instant décisif" de Cartier Bresson pour aller vers une photographie pulsionnelle, instinctive. Ses photographies ne se basent pas sur un élément central, un détail sur lequel toute la photo s'équilibre, mais plutôt sur un ensemble, une homogénéité.
Cette rétrospective nous fait donc traversé les états-unis d'est en ouest, nous découvrons les rues de New York, de Saint Louis, les stations balnéaires de la Floride. Dans les prises de vue des villes, les points de fuites et les perspectives sont omniprésents nous laissant entrevoir une fissure, une sortie dans ces décors urbains. Les photos de paysages et plus précisement de bords de mer sont celles qui m'ont le plus impressionnées de part sa force à gérer les couleurs dans son cadre. Ainsi les couchés de soleil se mêlent avec la même intensité que les néons. Tout simplement fabuleux ! Et son passage en 1976 à la chambre Deardorff 8*10 en bois lui permis d'aller plus loin dans les les rendus des couleurs. En effet de part l'encombrement de l'appareil, il a du s'adapter physiquement et dans l'état d'esprit de la prise de vue plus posée et moins sur le vif. Mais ce changement donna naissance à ses séries les plus connues comme : Cape Light, Saint louis, Les piscines de Floride...
Conquis, entièrement et définitivement par cette exposition. Apres Friedlander (cf billet) les Galeries du Jeu de Paume nous ont donc vraiment fait deux énormes cadeaux pour cette fin 2006 ! A noter la bonne initiative de proposer aux visiteurs de l'exposition de réaliser leur propre catalogue gratuitement (partenariat HP), par contre certaines des oeuvres ont été imprimées numériquement (HP toujours) et celles ci étaient plus floues, plus nébuleuses que les tirages Kodak. Si sur certaines cela rendait plutôt bien sur d'autres c'était un peu ennuyeux même beaucoup. Deuxième bémol, concernant le catalogue de l'exposition, les photos ont perdu de leur saturation ce qui est vraiment dommage vu que l'oeuvre de Meyerowitz est basé sur la couleur...
Pour finir avec l'actualité de Joel Meyerowitz, ses dernières oeuvres sont disponibles dans un livre "Contrecoups" aux éditions Phaïdon, photos de Ground Zéro où il était le seul photographe autorisé a prendre les équipes de reconstructions des tours jumelles.
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